Syndicat CGT Hopital COCHIN

Poste 11167

25 aout 1944 : liberation de PARIS !

mercredi 25 août 2010 par François Sénac IDE

COMMEMORATION DU 66 EME ANNIVERSAIRE DE LA LIBERATION DE L’ASSISTANCE PUBLIQUE

 Marise DANTIN CGT COCHIN

 

Il y a 66 ans, le 20 Août 1944, le personnel de l’Assistance Publique libérait le siège de l’Administration Centrale occupée par les nazis, les miliciens et les collaborateurs pétainistes.

Il participait à l’insurrection parisienne pour libérer la capitale et mettre fin à quatre années d’oppression et de terreur.

 

Durant cette période, la France, appauvrie par la guerre, se voit de plus pillée par l’occupant , et ceci jusque dans nos hopitaux avec réquisition d’établissements comme Beaujon, Lariboisière, la Pitié.

 

Les établissements sont rationnés au même titre que l’ensemble du pays. De 1940 à 1944, l’administration met en place une réglementation importante appliquant au personnel les mesures de rationnement.

 

Cette situation aggrave la vie des personnels et des malades. L’état sanitaire de la population se détériore avec le développement de la tuberculose, du rachitisme, de la malnutrition …

Les agents sous alimentés sont affectés par la tuberculose et contaminent leurs familles. Les arrêts de travail se multiplient. Pendant ces années noires, les emplois proposés par l’Assistance Publique sont délaissés.

 

Dés le début de l’occupation allemande, la CGT, contrainte à la clandestinité, organise avec ses militants la défense de la santé des Français et de leur niveau de vie.

Ainsi se constituent à l’Assistance Publique, des Comités Populaires qui organisent, sous tous ses aspects, la résistance à l’intérieur des hopitaux.

Avec le ravitaillement des hopitaux, ils permettent aux salariés et aux malades de se nourrir.

 

Des agents ont eu le courage d’empêcher la déportation de résistants, de juifs. Rappelons que les résistants, les juifs, les communistes étaient dénoncés par certaines directions collaboratrice de l’époque, des leur entrée dans l’hopital ;et devaient être cachés et soignés dans les sous sols de certains établissements, comme à COCHIN grâce à l’engagement du personnel.

 

La résistance dans l’hopital se réalise presque naturellement : réflexe d’humanité ! D’ailleurs, plusieurs témoins de l ‘époque confient n’avoir pas fait quelque chose d’exceptionnel, mais qu’il fallait le faire tout simplement.

 

Surmontant la peur et la terreur dans une France désorganisée et livrée au désarroi, inlassablement, ces femmes et ces hommes de toutes opinions, refusant l’arbitraire, le meurtre, le génocide, participent à la Résistance qui fut active à l’Assistance Publique.

Qu’il s’agisse de la part qu’ils prirent aux manifestations revendicatives et patriotiques qui eurent lieu à plusieurs reprises dans la plupart de nos hopitaux de 1941 à 1944 .

Qu’il s’agisse de leur participation à la lutte armée ou à l’aide aux Francs Tireurs et aux Forces Françaises de l’Intérieur, par l’apport de médicaments, de vivres, de matériels divers….

 

Qu’il s’agisse de l’activité clandestine au sein même de divers hopitaux où médecins et agents du personnel, délivrèrent de faux certificats, simulèrent des maladies, soignèrent et cachèrent des juifs et de nombreux résistants blessés ou malades, faisant même évader ceux qui étaient gardés par la police. Des filières d’évasion s’étaient mises en place dans certains établissements comme Tenon, Hotel Dieu, avec l’aide du personnel et parfois de policiers français.

 

Les personnels et le corps médical ont payé un lourd tribut à la cause de la Liberté.

38 fusillés de nos services, des centaines de morts, prisonniers, internés dans les camps français, déportés dans les camps de concentration et dans les camps d’extermination, sans oublier ceux morts sur les barricades lors de la Libération de Paris.

Citons parmi les fusillés Corentin Celton, secrétaire du syndicat CGT clandestin de l’Assistance Publique, dénoncé parmi d’autres par le Directeur Général collaborateur et fusillé au Mont Valérien le 29 Décembre 1943.

 Le Directeur, Général Serge Gas, sera révoqué sans pension , ni retraite.

 

 Citons Charles Martini, jeune étudiant en médecine, résistant dans les Bataillons de la Jeunesse, est assassiné sur le quai Henri IV d’une balle dans le dos par l’allemand à qui il avait laissé la vie sauve quelque jours auparavant,. Il sera victime de son humanité. Il aura juste le temps de donner à sa camarade Madeleine Riffaud, élève Sage Femme, l’adresse et la clè de la planque d’armes avant de s’éteindre des suites de ses blessures sur son lit de l’hopital Saint Antoine.

 

La Résistance se compose d’une multitude d’organisations de femmes et d’hommes d’horizons divers. Pour être plus forts, pour gagner, ils décident de dépasser leurs différences, de s’unir sur l ‘essentiel autour de Jean Moulin, en créant le Conseil de la Résistance, le 27 mai 1943. Ce dernier adoptait son programme le 15 mars 1944. Le rassemblement qui s’est alors opère sur la base de l’attachement à des valeurs et à des idéaux démocratiques, a été la clef de la victoire.

 

Il a aidé au débarquement du 6 juin 1944 par de multiples opérations et, avec le Comité Parisien de la Libération et les Forces Françaises de l’intérieur a appelé les salariés et la population à l’insurrection.

 

Tous se préparent à l’insurrection pour chasser l’occupant nazi.

 

Le 20 Août 1944, le personnel reprend et occupe la Direction Générale avec le Comité Central de la Libération de l’Assistance Publique qui réunit le Comité Médical de la Résistance, le Syndicat des cadres et le syndicat CGT du personnel.

 

Le Comité Central de Libération reçoit le nouveau Directeur Général, Maurice Lévesque qui vient d’être nommé par le ministre du Gouvernement Provisoire, le Professeur Pasteur Valery Radot.

Le nouveau Directeur organise le fonctionnement de nos hopitaux durant la semaine de l’insurrection.

Des précautions avaient prisent depuis longtemps dans la clandestinité pour ne pas être pris au dépourvu au moment ou sonnerait l’heure tant attendue.

Des locaux avaient été aménagés hors des hopitaux dans des maisons privées et sures, afin, si besoin été, d’opérer et de soigner des blessés hors de vue de l’ennemi, comme à COCHIN et SAINT ANTOINE.

 

Au lendemain de la libération, dans le pays appauvri, l’orientation politique qui est prise est donc de répondre aux besoin de santé pour tous. C’est une priorité du Conseil National de la Résistance.

 

Le Gouvernement provisoire de la Libération, dirigé par le Général de Gaulle, va mettre le programme du Conseil de la Résistance en place :

  • Droit de vote des femmes,
  • Nationalisation de Renault, des Houillères de Nord pas de Calais,
  • création des Comités d’entreprise,
  • nationalisation des transports aériens et création d’Air France,
  • création des ordonnances de la Sécurité Sociale,
  • nationalisation des assurances et des banques de crédit,
  • création du statut de fonctionnaire,
  • nationalisation du gaz et de l’électricité de France.

En 1936, la victoire du Front Populaire donnait déjà un grand élan d’espoir aux travailleurs de notre pays qui après de grandes grèves ont permis d’arracher au patronat le droit syndical et l’élection de délégués ouvriers selon les branches, mais aussi la hausse des salaires de 7 à 15 % , les congés payés la durée du travail hebdomadairE à 40 heures au lieu de 48 . La création des conventions collectives.

 

Ces deux périodes de l’histoire ont vu bien des revendications aboutir grâce à des luttes.

66 ans après tous ces programmes sont remis en cause par un gouvernement ultra-libéral, provocateur et méprisant avec la privatisation de tous les services publics.

 Les menaces qui pèsent sur le devenir des régimes de retraites et de la Sécurité Sociale au nom d’un grand projet européen pour lisser les droits des salariés au plus bas.

Ces réformes visent à accélérer une concurrence au nom des intérêts du grand capital, en détruisant toutes formes de solidarité.

 

Que dire de notre Direction Générale qui suit les mêmes contenus politiques que celui du gouvernement SARKOZY avec des plans d’économie de 300 millions d’euros jusqu’en 2012 et la suppression de 25 000 emplois dans la fonction publique hospitalière, dont plus de 4000 à l’Assistance Publique.

C’est un service public de santé soumis aux lois du marché avec des recettes et des dépenses mis en concurrence avec le secteur privé par le biais de convergence tarifaire et son indicateur la T2A.

 Cette politique et cette gestion sont contraire aux fondements des missions du service public hospitalier.

La santé doit rester financée par nos cotisations sociales, ce qui permet la garantie à chaque citoyen d’accéder à des services de soins de qualité selon les besoins et non selon les moyens.

Pour financer la santé, il faut améliorer les recettes de sécurité sociale non en faisant intervenir l’Etat comme cela c’est fait pour les banques, mais par l’augmentation des salaires, la création d’emplois qualifiés, l’arret des exonérations patronales, la mise en place de cotisations sur les revenus financiers.

 Que dire aussi de la situation de nos hopitaux et des futurs répercussions de la loi HPST, du plan stratégique2010- 2014 qui va modifier et dénaturer le service public de santé en général et en particulier à l’AP HP.

 

Cette loi permet au gouvernement de reprendre la main sur l’institution dans l’unique but de la démanteler, de privatiser une grande partie de ses activités. L’élection d’un haut fonctionnaire à la solde de l’ARS et de l’Elysée à la présidence du nouveau conseil de surveillance en est le symbole.

 

La constitution des 12 groupes hospitaliers au lieu de 37 établissements, est une véritable bombe à retardement, en témoigne les fermetures d’hopitaux : Saint Vincent de Paul, Broussais, sûrement suivi de bien d’autres, de fermetures de services et de transferts d’activités … Cette loi ne répond pas aux enjeux de service public de santé, mais va accélérer le processus d’un nouvel rééquilibrage des comptes, un surcroît de pénibilité au travail et une aggravation sans précédent de la qualité et accès aux soins auprès de l’ensemble de la population.

 

Ce fort moment de mémoire devrait inspirer le gouvernement, le patronat, et la Direction Générale de l’APHP à bien mesurer toutes les répercussions de sa politique dévastatrice face aux usagers et à l’ensemble des professionnels de santé.

Nous ne pouvons passer sous silence l’escalade de l’harcèlement et du mépris qui sont exercés sur l’ensemble des personnels de l’APHP pour faire passer coûte que coûte ces projets dévastateurs.

 

 Il y a 66 ans, le personnel de l’Assistance Publique libérait le siège occupé par les nazis. Il est troublant aujourd’hui de trouver en ces lieux, des restrictions de passage et de demander dans un domaine public un justificatif d’identité, cela ne fait que nous rappeler ces périodes sombres de l’occupation.

 

Nous célébrons aujourd’hui le 66° Anniversaire de la commémoration de la libération de Paris et du Siège de l’Assistance Publique. La nature et les déclarations du chef de l’Etat, flanqué d’un ministre condamné pour propos racistes sont de nature à remuer fortement nos héros résistants qui ont participé à la libération de la France et nous rappelle des moments douloureux sous l’occupation et Vichy.

 

La CGT parce qu’elle est et à été à travers toute son histoire, l’organisation de tous les salariés, français et immigrés, condamne fermement cette vaste opération gravissime.

Nous concernant, nous appelons l’ensemble des personnels à rejeter ce climat de haine, à agir ensemble pour la défense de nos acquis et d’organiser la plus grande riposte pour la défense d’un service public de santé de qualité.