Syndicat CGT Hopital COCHIN

Poste 11167

Le COVID 19 parisien !

mardi 24 mars 2020 par CGTCOCHIN

Le journal "Le parisien" du 24 mars 2020 signé par Céline CARREZ sur le COVID dans les hôpitaux parisiens.

Coronavirus : « On nous a dit : Il faut aller au front ! » témoigne une infirmière parisienne
Les infirmières des grands hôpitaux parisiens sont combatives mais marquées par ce qu’elles vivent et en colère contre le gouvernement et… certains Parisiens. Elles témoignent.
Le soir, à 20 heures pétantes, à Paris, quand Aurélie est de repos, elle ouvre brièvement la fenêtre de sa petite cuisine sur rue. Là, elle dresse l’oreille « pas longtemps ». C’est l’hommage quotidien des Parisiens au personnel soignant des hôpitaux de la capitale mobilisés sur le Covid-19. Aurélie écoute les applaudissements crépiter de fenêtre en fenêtre, de balcon en balcon, d’immeuble en immeuble, comme une clameur qui s’élève au-delà des toits de Paris et qui la remercient, elle, Lucie, Brigitte et Aurore et tout(e) s les autres. « Évidemment, ça nous touche. On sent une solidarité, du soutien, balaie-t-elle émue, mais en fait, ça me rend triste. »
Applaudissements : de plus en plus de Français rendent hommage aux soignants
« Ce qui est difficile, c’est de nous retrouver dans cette situation alors qu’on avait tiré la sonnette d’alarme. » Et de citer : « les urgences en grève pendant un an, le manque d’effectifs, les salaires trop bas et un gouvernement qui a surtout porté son stock de masques de 1,4 milliard à 150 millions (dont aucun FFP2). Avant l’épidémie, j’utilisais par jour près d’une quinzaine de masques pour les soins. Aujourd’hui, je n’en ai que deux. »
La situation est aussi très difficile humainement. « Beaucoup d’entre nous n’ont pas les moyens de se loger dans Paris. » Aglawen Vega, secrétaire générale de la CGT Cochin rappelle qu’« une infirmière en début de carrière touche 1600 euros net ». « La plupart doivent prendre les RER, trains de banlieue, métro, avec le virus qui se balade. L’AP-HP nous fournit un masque pour l’aller et un autre pour le retour. Quand on arrive à l’hôpital, on est en contact avec les malades et ceux qui ne le sont pas… Puis on voit nos collègues tomber malades. Alors on se dit A quand notre tour ? »
« Des jeunes de moins de 30 ans, mourants, et privés de leur famille interdites de visite »
A la Pitié-Salpêtrière, le centre de référence Covid-19 en France, « maintenant submergé », Lucie (le prénom a été changé), qui se sent « tout autant en première ligne » raconte ses nuits au service réanimation où elle court partout pendant dix heures dans des « combinaisons de cosmonaute, avec masque et gants » dans laquelle elle est « ruisselante ».
Brigitte (le prénom a été changé), toute jeune, fraîchement sortie de l’école, raconte son épreuve du feu : « des jeunes de moins de 30 ans en réa, mourants, c’est ça qui me marque et privés de leur famille interdite de visite. Alors… c’est nous leur famille. »
A l’hôpital Cochin, où des renforts en réanimation sont pourtant arrivés depuis lundi, adoucissant les cadences, le sentiment de vulnérabilité et de colère est tout aussi prégnant.
« Quand j’ai entendu Macron à la télé annoncer le confinement et parler de guerre, je me suis dit : en fait, c’est nous la chair à canon ». Aurore, 40 ans, infirmière depuis 15 ans, mère de famille, sort d’un week-end « Covid-19 » à l’hôpital Cochin, avec « un mort chaque nuit ».
« On a le sentiment que tout repose sur nous »
« On est submergés par quelque chose qu’on ne maîtrise pas. » Aurore, la voix chevrotante, parle de la solitude du soignant : « On a le sentiment que tout repose sur nous. On manque de consigne. On est constamment dans le système D pour faire face à la pénurie de matériel. On improvise. Je ne comprends pas la gestion de notre gouvernement et de l’administration. »
D’un point de vue familial, c’est la double peine : « On a dû exfiltrer nos familles. On a peur de contaminer. Quand on rentre à la maison, on est seul. »
Quand Aurore a fait l’école d’infirmière, « c’était pour soigner les gens. Là, on va les mettre dans des housses en plastique ».
Aurélie, elle, souffre de la pression de l’AP-HP : « Il va falloir aller au front, nous a dit un chef de service. On nous culpabilise. En fait, ce qu’ils craignent, c’est l’hécatombe parmi le personnel. »
« A Saint-Antoine, aux brancardages, toutes les vacances des aides-soignants ont été annulées », poursuit Aurélie.
Une infirmière à Mulhouse : « C’est une situation horrible, on doit trier les patients »
Brigitte, elle, s’estime plutôt bien lotie à la Salpêtrière mais en veut aux Parisiens ! « Quand je rentre de l’hôpital, que je prends le métro, que je croise cinquante personnes dans la rue et que je vois des jeunes assis sur des bancs, au lieu d’être confinés, un masque FFP2 sur le nez alors que nous… on en manque, ça me rend ouf. »
Quand il est 20 heures à Paris et que les gens, à leurs fenêtres, saluent le personnel hospitalier, Aurore pleure. Mais aussi… se révolte : « Bien sûr que c’est touchant. Mais je sais aussi que parmi ceux qui applaudissent, il y en a, inconscients, qui là ne nous rendent pas hommage et se baladent dehors. Moi, je sais après que c’est moi qui vais les mettre dans une housse. »

Lien de l’article du Parisien :
http://www.leparisien.fr/paris-75/coronavirus-a-paris-on-nous-a-dit-il-faut-aller-au-front-temoigne-une-infirmiere-24-03-2020-8286600.php

N B : Selon Martin Hirsch, Directeur général de l’APHP, on dénombre 490 personnels contaminés au soir du 2/03/2020. Trois séjournent en réanimation. Pour un tiers d’entre eux (32%), il s’agit de personnel médical, 15% sont des IDE, 11% des techniciens de laboratoire et 8 % d’aides soignants, et le dernier tiers se répartit sur l’ensemble des professions hospitalières.

Cela confirme que le personnel de l’APHP est particulierement exposé.

A COCHIN, la CGT interpelle régulierement la Direction sur le manque de matériel de protection disponible contre le COVID 19.

Une petition signée par un grand nombre de collegues circule aujurd’hui pour dénoncer le manque de masques de protection, la pénurie de gel hydro-alcoolique, etc.....

Les membres CGT du CHSCT COCHIN ont déposé un DGI concernant ce sujet. La réponse du DRH de l’ APHP-CUP était loin d’être covaincante : Ce DRH estime qu’il prend des décisons entouré d’experts qu’il designe, sans avoir besoin de consulter le personnel ou leurs représentants ! Le constat est là : La contamination du personnel progresse !

La CGT COCHIN dénonce ce danger permanent qui menace les agents de l’APHP !